En feignant de répondre au FMI qui prônait la fin des subventions de l’état au pétrole à la pompe, l’auteur recommande cependant la maitrise de la traçabilité des informations économiques, préalable à toutes décisions relatives à la suppression des subventions ou la mise en place des mesures d’accompagnement.
Par VICTOR KAMTO.
Monsieur de directeur de publication,
Le 11 Décembre2012, à votre «une », vous titriez : «subventions des carburants les recommandations du FMI » À la lecture de l’article signe par PIERRE CELESTIN ATANGANA, nous sommes plus rassurès.il termine en effet son papier par une belle citation «les mesures d’accompagnement…montrent que l’efficacitéd’une politique de réduction voire de suppression des subventions, dépend de l’état particulier de chaque économie »
La structure de l’économie camerounaise n’est pas similaire à celle du Gabon ou de la Jordanie ou ses mesures semblent avoir donné des résultats probants. Encore que pour le cas de la Jordanie, nous pourrions compte tenu de l’actualité nous poser quelques questions. Parlons du Cameroun : il y a quelques mois seulement, le gouvernement de la république du Cameroun et les auteurs sociaux ont été engagés dans des changes relatifs à la suppression des subventions sur les produits pétroliers.
Nous venons par la présente apporter notre contribution à ces échanges qui parfois ont été très passionnés. Avant toute chose nous tenons à préciserqu’au vu de la situation sociale actuelle au Cameroun l’augmentation des prix du carburant à la pompe serait une faute à la fois économique et politique. Sur le plan économique : l’augmentation le plus souvent utilise pour justifier la suppression de la subvention est que cette dernière ne profite qu’aux riches. A quels riches ? Personne ne le dit.
S’il est vrai que la grande partie des subventions (74%des subventions au super) est abordées par les « riches », ceux qui ne peuvent être que des trafiquants ou des opérateurs économiques véreux qui profitent des faillent de notre système administratif.la chaine de distribution des produits pétroliers comporte plusieurs maillons faibles. Ceux-ci sont une aubaine pour tous les grands fossoyeurs de l’économie du Cameroun, qui pose sans aucune crainte des actes délicats et font perdre des sommes importantes au trésor public.
En effet « voie nouvelles », une ONG camerounaise a dénoncé dans un rapport publie le09 novembre 2010, et repris dans une dépêche de l’AFP ce mêmejour, la vente à la pompe de carburant frelaté. Cette ONG après enquête de treize mois avait inventorié 12(douze) sites actifs de frelatage rien que pour la ville de Yaoundé. Qu’en est-il des autres grandes villes de la république ? Par ailleurs le phénomène de la réimportation été si grave que la société de dépôtpétrolier de laRCA a été contrainte d’ouvrir une antenne àdouala, pour essayer de maitriser les stocks réels importes pour la RCA. Un important volume de produits pétroliers destinés à l’exploitation est ainsi détourné et reverse dans le marché local pour alimenter le réseau de distribution formel ainsi les activités des réseaux informels.il en résulte pour l’État du Cameroun d’importants manques à gagner du fait de la déperdition des taxes. Une variation des prix à la pompe va influencer toute les couches sociales :de la cultivatrice qui prend un transport en commun pour venir vendre ses produits en ville, aux usines qui consomment une partie de l’énergie électrique sous forme thermique.la crainte d’une inflation généralisée est réelle. Les transports urbains et interurbains seront touchés. Les taxis, mototaxis et autres transporteurs. Enfin sa sera frein important à la mécanisation de l’agriculture qui représente un pilier pour l’émergence du Cameroun. Plusgrave, si les prix sont augmentés à la pompe, nous allons noter une augmentation des trafics des produits petroliers.au niveau national, les fraudes sur les stocks vont considérablement être amplifié parce que plus rentable pour ceux qui les font.la conséquence sera une diminution importante des impôts collectés dans ce secteur. Le contraire de ce qu’il était souhaité en réalisant la suppression des prix à la pompe s’imposera facilement.
Sur le plan social : les risques des graves mouvements sociaux que la suppression brutale des subventions des prix des produits pétroliers pourrait engendrer sont évidents. Si tous les grands syndicats ont annoncé la couleur en s’opposant catégoriquement à cette mesure. Les quelques rares syndicats qui sont pour cette suppression de subvention demandent les mesures d’accompagnements pour lesquelles il est difficile au gouvernement d’y donner une suite favorable. Pourquoi ? Nous essayerons de donner quelques raisons plus bas.
Tous les ennemis du Cameroun qui n’ont pas réussi la déstabilisation pendant les années des électionsprésidentielles sont encore déçues de n’avoir pas mis en œuvre toutes les stratégiesplanifiées pour embraser le pays. Le simple fait de penser à la suppression de ces subventions sans envisager de sérieuses mesures d’accompagnement est une faute politique grave.
Sur les mesures d’accompagnement : le FMI propose une augmentation des salaires de 220 000fonctionnaires de l’administration. C’est vrai que cet acte serait une très bonne chose pour la plupart des agents de l’état qui ont de graves difficultés à joindre les deux bouts. Mais ils ne sont pas seuls à profiter de la subvention. Leschômeurs,agriculteurs et 15millions de camerounais en bénéficientaussi. Enplus, les prés requis pour cette probable augmentation des salaires sont-ilsréunis ? Nous pensons humblement que non.
La maitrise du fichier solde n’est pas encore parfaite et la baisse drastique des salaires a amenés plusieurs salariés à s’aménager des sources de revenus additionnels pour combler le manque à gagner que leurs avait impose la diminution des revenus. Le plus grave est que cette source secondaire est devenue principale chez plusieurs salariés de l’administration. Même si les salaires subissaient une hausse de 100%, beaucoup de ce groupe ne seraient pas prêt à abandonner ces pratiques, qui ont accéléré l’installation de la corruption et le développement d’une importante économie sous-terraine.
Ne faut-il rien faire ? Il est vrai que la mise en œuvre de la politique des grandes réalisations suppose une mobilisation importante des recettes publiques et une amélioration de la qualité de la dépensepublique. Mais la seule voie n’est pas la suppression des subventions avec les mesures d’accompagnementspréconisés. C’est la conjugaison d’un ensemble de mesures qui passe par le renforcement de plusieurs procédures et une plus forte régulation, qui peut assurer la réussite de suppression des subventions.la première action devrait être la maitrise de la traçabilité de ces subventions, ou du transport et de la commercialisation des produits pétroliers au Cameroun.
Les solutions technologiques permettent aujourd’hui aux trois administrations intervenant dans la gestion des produits pétroliers (MINFI, MINTRANSPORT, MINEE) d’améliorerla gouvernance dans ce secteur. L’utilisation de ses solutions technologiques pourrait aussi ramener rapidement de nouvelles recettes dans les caisses de l’état par l’amélioration ou la sécurisation de la collecte de la recette publique. Aussi administration fiscale devrait mettre en place le numérod’identifiant unique et la « facture comptable » qui progressivement la part de l’économieformel.
Enfin pour ne citer que ces quelques mesures il ne faudrait pas négliger la mise en place des délais de paiement qui en plus de lutter contre la corruption permettrait au ministère des finances d’augmenter la consommation et par conséquence, d’améliorer la contribution de la TVA dans le budget national.
Pour terminer la maitrise de la traçabilité des informations économiques, doit être le préalable à toutes décisions relatives à la suppression des subventions ou la mise en place des mesuresd’accompagnements. Notre administration devrait rapidement migrer vers la modernisation des différents actes économiques par la possibilité technique et économique d’intégrer au plus haut niveau de l’administration d’État les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Notre administration doit améliorer les outils et les moyens de gestion de l’information décisionnelle.
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MUTATIONS: 24 Janvier 2013