Joseph est contrôleur de gestion dans un groupe d’entreprises privées au Cameroun.
Lors d’une vérification des stocks, il constate des écarts. Son rapport est fait et transmis à son supérieur hiérarchique. Celui-ci va refuser de le valider comme l’impose la procédure mise en place. Il va plutôt dire que : « le travail a été mal fait ».
Le mois suivant, le même constat est effectué. Confiant de la qualité de son travail et frustré par les remarques du mois précédent, il décide de transmettre son rapport cette fois ci au supérieur de niveau 2.
Malheureusement la même critique lui est faite : TRAVAIL MAL FAIT.
Le mois suivant, bis repetita, mais Joseph va encore monter d’un cran pour transmettre son rapport. Cette fois c’en est trop, il recevra une demande d’explication en bonne et due forme.
Au bout de quatre mois, Joseph va atteindre le top management, le service d’audit se saisi de l’affaire, et fait les mêmes constats que Joseph.
Le rappel de quatre mois des primes sur les écarts constatés seront payés à Joseph. Pour le coup majoré d’une prime spéciale du Top management, qui va aussi lui faire une promotion remarquable.
Nommé dans une autre succursale du groupe, dans son même rôle de contrôleur de gestion, il constatera une subtilisation d’intrant industriel, qui entraînait la mauvaise qualité des livrables et occasionnait des pertes énormes à l’entreprise. Le rapport est transmis au Directeur de la succursale contre décharge. Ce rapport ne sera pas pris en compte. Il est détruit pour effacer toutes les traces. Deux années plus tard une mission d’audit viendra et constatera les mêmes forfaits.
Tous les intervenants de la chaîne des opérations, parmi lesquels le contrôleur de gestion sont mis à la disposition du procureur. Ils sont tous déférés en prison.
L’affaire instruite d’abord en première instance est renvoyée en grande instance malgré le récit du contrôleur à la cour, aucune trace, aucun témoignage ne vient corroborer ces déclarations.
Dans une dernière tentative désespérée, il obtiendra un accompagnement à son domicile pour rechercher ladite trace. Le procureur de garde accédera à sa requête et une escorte l’accompagnera nuitamment à son domicile.
La décharge de la transmission du rapport datant de deux ans est retrouvée dans un vieux porte document.
Une fois produit à la barre, ce format A4 authentique confirmera au collège des juges que Joseph disait vrai depuis le début de la procédure.
Il sera purement et simplement relaxé. Certains de ses collaborateurs mis hors de cause par son rapport profiteront de la même décision.
Ils retrouveront tous leurs familles, sauvés par un format A4.